Statuette ,
Musée de Groesbeeck de Croix
L'iconographie de la Vierge intègre plusieurs éléments qui habituellement ne vont pas ensemble. Le croissant de lune, sur lequel la Vierge se tient debout, réfère habituellement à une Immaculée Conception. En effet, la Vierge fut conçue sans péché afin de donner naissance au Christ qui allait racheter les fautes du péché originel : « la femme foulera sous son talon la tête de l'antique serpent (Genèse) ». Ce péché originel est donc ici symbolisé sous forme d'une bête féroce qui est un dragon ailé, contrairement au serpent qui fit chuter Adam et Ève. Cette Vierge debout sur son croissant écrase donc de tout son poids ce monstre réduit à l'immobilité mais toujours rugissant. Ce monstre dragon provient de l'influence d'un autre thème iconographique majeur dans les arts en France et en Nouvelle-France au XVIIe siècle, Saint Michel terrassant le dragon. Ces deux éléments sont d'ailleurs liés dans ce passage de l'Apocalypse : « Vision de la Femme et du Dragon. 12. 1Un signe grandiose apparut au ciel : c'est une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; 2elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement. 3Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d'un diadème. 4Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant le Femme en travail, le Dragon s'apprête à dévorer son enfant aussitôt né. 5Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et l'enfant fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône, 6tandis que la Femme s'enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu'elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours. 7Alors une bataille s'engagea dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, appuyé par ses Anges, 8mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. 9On le jeta donc, l'énorme Dragon, l'antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l'appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui (Apocalypse 12:1-9, collaboration de Jean Letarte et Geneviève Soly, 14 février 2001). » Le type de l'Immaculée Conception représentée dans cette uvre est celui « de la Femme revêtue du soleil de l'Apocalypse, debout sur un croissant de lune (Réau 1955-1959, tome second, vol. II, p. 79-80). » La Vierge n'est pas enceinte puisqu'elle tient son enfant dans ses bras. Par contre, elle devait être couronnée, peut-être dune étoile (comme en témoigne la tige métallique dépassant du sommet de son crâne), elle monte la lune et écrase le dragon. Et elle partage certaines caractéristiques de l'Assomption : « Sous l'influence des litanies de Lorette, la Vierge de l'Assomption est généralement figurée sur un croissant de lune, le front ceint de douze étoiles, comme la femme de l'Apocalypse. [...] Le Speculum Humanae Salvationis explique en détail cette présentation de la Vierge calquée sur la femme de l'Apocalypse, avec les pieds sur un croissant de lune et la tête couronnée d'étoiles. La femme de l'Apocalypse qui échappe au dragon est l'image de la Vierge enlevée au ciel. La lune qu'elle foule aux pieds est le symbole des choses changeantes de ce bas monde. Les douze étoiles qui illuminent sa tête rappellent les douze apôtres pressés à son chevet au moment de sa mort (Gagnon 1976, p. 62-63, citant Réau 1955-1959, tome III, p. 617). » L'Immaculée Conception est le privilège en vertu duquel la Vierge Marie aurait été conçue sans péché originel par sainte Anne. C'est pourquoi elle est représentée toute jeune. Elle descend du ciel sur la terre, pour racheter la faute d'Ève. L'iconographie la représente donc regardant au sol vers l'endroit où elle se dirige. L'élaboration du dogme, étalée sur plusieurs siècles, a été lente et laborieuse. Le thème iconographique est apparu au XVIe siècle. Dans l'Assomption elle effectue le mouvement contraire, s'élevant de la terre vers les cieux vers lequel son regard se dirige, parfois aussi debout sur un croissant de lune. Les deux iconographies sont souvent confondues. Cette Vierge qui tient en enfant n'est donc ni une Immaculée Conception, ni une Assomption ! C'est une Vierge-Mère à l'enfant Jésus emmaillotté. Ce thème fleurit à l'occasion de la naissance de Louis XIV. Sa mère, Anne d'Autriche, « stérile mettait son espoir en la Fille de sa sainte patronne et l'implorait au nom de la virginité qui avait porté fleur et fruit (Vloberg 1954, p. 42). » Son voeu se réalise en 1638. Cet événement et ce thème prirent forme d'uvres d'art multiples. Par exemple, une crèche sculpturale de Michel Anguier pour l'église du Val-de-Grâce dédiée à « Jésus Nouveau-né et à la Vierge-Mère, Jesu Nascenti Virginique Matri ».
N° Inventaire :  C0129
Domaine :  Art  
Sous-domaine :  Sculpture
Dénomination controlée :  Statuette
Titre :  Vierge à l'Enfant
Auteur :  Inconnu []
Matières :  Buis [Technique: taillé]


Dimensions :  H: 21,8 cm
l: 6,5 cm
H: 8,5 cm
Datation :  1701 ? - 1800 ?
Références :  E. Del Marmol, Rapport sur la situation de la SAN en 1863, dans Rapports 1846-1865, Namur, 1864, p. 155. Inventaire Cajot, 1907 : Vierge. Même provenance (Andenne). Haut. 0,36