Conduit , Grand conduit
La Louvière - Ecomusée régional du Centre (Site minier du Bois-du-Luc)
La Société du Grand Conduit et du Charbonnage de Houdeng fondée le 14 février 1685 est à l'origine du site minier du Bois-du-Luc au sein duquel l'Ecomusée est installé. Cette Société dans sa dénomination témoigne d'un usage technique : le conduit (qui sont des troncs de chêne ou d'aulne évidés dans le sens de la longueur et aboutés). Suite à l'épuisement des veines de surface et donc à l'enfoncement des puits, les concessions de charbon connaissent au cours de la proto industrialisation (XVIIIe siècle) de récurrents problèmes d'infiltration des eaux qui proviennent des importantes nappes phréatiques. Pour exhaurer, les maîtres-ouvriers emploient des conduits pour acheminer l'eau à la rivière la plus proche ; le Thiriau du Luc. Le but de la Société du Grand Conduit est de creuser une galerie d'assèchement où seront placés ces conduits formant une canalisation à plus de 30 mètres de profondeur. Les travaux commencent en 1686 et s'achèvent en 1710. La galerie prend naissance à l'extrémité de Bracquegnies, sur la rive gauche du Thiriau et atteint les environs du Rieu Baron. Sur ce trajet, on rencontre les fosses Ste Barbe, de l'Estrafagne, d'En Bas, du Petit Bois et des Près. Ensuite, la Société décide en 1726 de prolonger le conduit. Les travaux commencent en 1727 et s'achèvent en 1745. Partant de Bracquegnies, la galerie d'évacuation des eaux s'oriente vers le sud-est en direction du Bois-du-Luc. Le conduit, découvert à Genival (couche de Joly Jay ou Escaillère) en 1926, est aujourd'hui intégré dans une scénographie qui fut réalisée en 1935 à l'occasion du 250ième anniversaire de la Société des Charbonnages du Bois-du-Luc. Cette scénographie, installée dans la salle où les actionnaires touchaient leur part de dividende est une vitrine. Elle illustre par le biais de photographies, de plans, de maquettes, de pièces originales, les deux principales dimensions de la Société : l'HISTOIRE et LES UVRES SOCIALES. Ces deux pans sont les deux aspects originaux de la Société : d'une part, le génie technique qui a contribué à l'ancienneté, à l'étendue et à la prospérité et d'autre part, le génie humain avec les maisons, les loisirs, les écoles, la salle des fêtes, les infrastructures (hospice, hôpital, église Ste Barbe) où l'on soigne le corps et l'âme. Tant d'uvres que nous désignons, aujourd'hui, comme étant des expressions d'un paternalisme. Au-delà de l'application technique proprement dite (qui n'est pas le fruit d'une invention attribuée à la Société), l'emploi de ces conduits mène à la réunion de sept personnes autour de la création d'une des premières formes de structure capitaliste. C'est l'un des exemples les plus lointains de structure capitaliste de ce genre en Europe continentale qui va être l'un des facteurs (avec la présence de charbon, la consolidation des innovations technologiques, la présence d'une main-d'uvre, le développement des voies de communication) de l'essor industriel de la Wallonie. Le travail minier revient aux maîtres-ouvriers et le pouvoir est détenu par une Assemblée composée des fondateurs (dont les noms sont inscrits dans les tympans des bureaux du charbonnage) et plus tard, de leur héritiers. Y participe également le seigneur d'Houdeng à qui appartiennent les droits sur le sous-sol). Face à l'approfondissement croissant des puits, les conduits sont inadaptés. Ils sont remplacés dès 1780 par des machines à feu ou pompe à feu dont le prototype est inventé par l'anglais Thomas Newcomen en 1706. On peut mesurer la précocité technique de la Société par le laps de temps qui sépare une invention (qui émane de l'étranger en général du berceau de la Révolution industrielle : l'Angleterre) de son application concrète dans l'industrie. L'adoption de cette machine ouvre la porte à la Révolution industrielle sur le continent. Les baritels et les conduits sont éclipsés par la vapeur. Cette pièce témoigne à 'échelle du territoire wallon d'un moyen technique lié à la nature des terrains particulièrement aquifère. Ce conduit est l'étape préalable à l'emploi de la machine dans le travail de l'exhaure.
N° Inventaire :  Inv.G.C.1727-1745
Domaine :  Techniques  
Sous-domaine :  Travail de la mine
Exhaure
Dénomination controlée :  Conduit
Appellation :  Grand conduit
Matières :  Chêne ou aulne [Technique: Evidé]
Fer

Dimensions :  l: 184 cm
Datation :  1727  - 1745 
Provenance géographique :  Europe, Belgique, Hainaut, Bassin du Centre, couche Joly Jay ou Escaillère au lieu dit Genival (lieu de découverte et d'utilisation).