Machine d'extraction , Machine des Forges, Usines et Fonderies d'Haine-Saint-Pierre
La Louvière - Ecomusée régional du Centre (Site minier du Bois-du-Luc)
Cette machine a été installée, en 1847, dans la fosse Saint-Emmanuel (les deux puits sont creusés entre 1835 et 1843) dans le puits d'extraction. Fonctionnant à la vapeur et reconvertie à l'air comprimé, sa puissance est évaluée à 200 chevaux. Comparée à la machine actuellement en place (cfr. ci-dessous), elle vient habilement illustrer l'évolution technique étant donné que ses deux pistons sont verticaux et que son mode de translation est antérieure à l'emploi des cages. La machine est sortie entre 1866-1867 des ateliers des Forges, Usines et Fonderies d'Haine-Saint-Pierre (FUF) qui ont entretenu avec les charbonnages du Bois-du-Luc de fructueuses relations techniques et commerciales. Cette machine témoigne des premières formes de mécanisation des charbonnages hennuyers. Elle remplace, en effet, les manèges à chevaux devenus péremptoire. D'autre part, la machine illustre aussi un mode de translation des Hommes et des matières qui fut la préhistoire de la descente avec cages d'ascenseur. A la machine est relié, via une molette, un cuffat ou vase d'extraction (sorte de grand tonneau en bois ou en métal servant à monter ou à descendre hommes, charbon, matériaux dans les puits). L'emploi de ce cuffat a causé de nombreux accidents dans les mines belges : rupture de câble, remontée des cuffats aux molettes, oscillation des cuffats qui provoque des chocs contre les parois etc. Un arrêté royal de 1851 interdit l'usage du cuffat et impose les échelles. Nombreux sont les ouvriers qui marquent leurs opposition et qui quittent les fosses du Bois-du-Luc (près de 100 en 1836) pour augmenter les effectifs du charbonnage concurrent situé à Houssu (Haine-Saint-Pierre). Leur argument ? " point de fosse à échelle à ce charbonnage [celui de Houssu], ce qui leur épargne une grande fatigue ". Malgré les interdits, le charbonnage continue l'emploi du cuffat (notamment à celui de Saint-Patrice). L'usage des échelles et l'interdit du cuffat ont conditionné l'évolution technologique des charbonnages en conduisant ceux-ci à adopter les cages d'ascenseurs - dont l'emploi est relativement ancien en Angleterre et en Allemagne. Cokerill à Seraing, le Piéton à Charleroi et Bois-du-Luc vers 1850 sont les premiers creusets à accueillir cette innovation. Cette machine est inscrite dans un triple portique en fonte cannelée qui à lui seul est une prouesse technique. Arc de triomphe dédié à l'ingénierie, ce portique est composé de deux piliers et de deux demi piliers. Il soutenait la première machine d'exhaure dont les immenses solives de chênes subsistantes témoignent du gigantisme mécanique (pour soutenir la machine d'exhaure posée en 1839 et fabriquée aussi aux FUF). C'est un ensemble cohérent et impressionnant. " L'architecture " du portique rappelle celle de la cité (pensez aux pilastres de brique qui scandent les façades de la rue du midi ainsi qu'aux chapiteaux toscans) : sobriété, rigueur et rationalité néo-classiques. En ce sens, ce langage commun aux espaces de la vie et à ceux consacrés au travail), - Alte Sachlichkteit - correspond à la mentalité industrielle du XIXe siècle où l'architecte est un ingénieur (et vice et versa) et qu'il s'applique à rendre les espaces fonctionnels. A Bois-du-Luc, l'auteur présumé des corons et des deux puits, Victorien Bourg, est un ingénieur qui se préoccupe avant tout de l'utilisation rationnelle de l'espace et de la machine humaine (= les hommes). Si cette machine d'extraction se trouve aujourd'hui dans le puits d'exhaure, c'est suite à une opération (précoce) de sauvetage. En effet, ayant fonctionné jusqu'en 1874 dans le puits d'extraction de la fosse Saint-Emmanuel, la machine rejoint la fosse Saint Amand (propriété des Charbonnages du Bois-du-Luc ouverte en 1827). Elle y fonctionne jusqu'à l'orée de la Première Guerre mondiale. Les Allemands projettent de fondre cette machine pour récupérer le métal à des fins d'armement. Echappant à ce sort, la Société sauve la machine et l'installe dans le puits d'exhaure sous les arcades de l'arc de triomphe. Ce geste de sauvetage est le premier pas d'une archéologie industrielle encore embryonnaire. Il est intéressant de voir que cette machine a servi de support à la Société pour témoigner de son progrès technique. Nombreuses sont les plaques de verre, les cartes postales de Nels, les mentions dans les ouvrages qui montrent cette machine, devenue le symbole d'une Révolution.
N° Inventaire :  Inv.FUF.1847
Domaine :  Techniques   Industrie
Sous-domaine :  Industrie extractive
Dénomination controlée :  Machine d'extraction
Appellation :  Machine des Forges, Usines et Fonderies d'Haine-Saint-Pierre
Auteur :  Forges, Usines et Fonderies d'Haine-Saint-Pierre [Fabricant]
Matières :  Fer [Technique: Fondu]


Dimensions :  H: 620 cm
l: 780 cm
P: 350 cm
Datation :  1847  Période, style : Néoclassicisme
Provenance géographique :  Europe, Belgique, Hainaut, Bassin du Centre, Haine-Saint-Pierre (fabricant) Belgique, Hainaut, Bassin du Centre, Houdeng-Aimeries, Bois-du-Luc, Fosse St Emmanuel, Société des Charbonnages du Bois-du-Luc (utilisateur)
Références :  LEBOUTTE R., PUISSANT J., SCUTO D., "Un siècle d'histoire industrielle. Belgique, Luxembourg, Pays-Bas. Industrialisations et sociétés 1873-1973", Coll. "Regards sur l'Histoire", s. l., 1998, Ed. Sedes. "Bois-du-Luc 1685-1935", Bois-du-Luc, 1935 (Archives).