Tableau ,
Liège - Musée des Beaux-Arts (BAL)
Eclairée par la lumière vive qui pénètre par une baie, la pièce n'est de prime abord guère avenante. Le mobilier est réduit à sa plus simple expression: une table, deux chaises, un tabouret, un escabeau et une haute console qui sert d'appui de fenêtre. Un tableau représentant le Christ en croix barré d'un large trait noir pend de guingois au manteau de la cheminée. Sur un autre pan de mur gris et lépreux est accroché, également un peu de travers, un petit miroir et un porte-peigne. Une brosse, un baquet, une guêtre à rayures et quelques déchets de tissu traînent sur le sol irrégulier. Sept personnes animent ce décor. Debout près de la table, une femme armée de ciseaux coupe un morceau d'étoffe. Elle porte une jupe orange, une blouse, un fichu et un bonnet blancs. Sa blonde compagne, vêtue d'une jolie robe rose contrastant avec la blancheur de sa coiffe et de son fichu, délaisse son ouvrage posé sur une sorte de boîte à coudre tout à sa conversation avec un soldat. Celui-ci essaie une guêtre blanche afin de compléter son équipement. Il a un habit bleu à col et parements rouges et est coiffé du nouveau casque introduit en 1791 pour les demi-brigades. Ce curieux couvre-chef en feutre ou en cuir était renforcé par des bandes de laiton, entouré d'un ruban en peau de léopard et surmonté d'une chenille de laine noire. Une dame plus âgée, vue de profil, est assise sur l'une des chaises. Les pieds appuyés sur l'escabeau, elle est occupée à coudre, mais lève un moment la tête, distraite par ce qui se passe. Son bonnet et son tablier blancs jettent une note claire sur sa tenue sombre composée d'une jupe noirâtre et d'un corsage en velours rouge grenat. Dans l'encoignure de la cheminée, un couple bavarde. La dame en bonnet blanc a agrémenté sa robe grise d'un grand fichu bordé de fleurs écarlates. Son interlocuteur, un militaire, a un habit vert et un gilet du même rouge que le large bandeau qui garnit son bonnet. Cet uniforme s'apparente à celui que portait le corps des chasseurs en 1792. Enfin, dans le fond de la pièce, une " botteresse " en robe noire se dirige vers la porte. Elle est chargée d'une lourde hotte en osier contenant sans doute des guêtres terminées. Parti à Paris le 5 mars 1793, Defrance y séjourna jusqu'au 26 août. C'est, semble-t-il, durant cette période qu'il a réalisé ce remarquable tableau de genre. Dosant l'ombre et la lumière, prenant sur le vif ses personnages et multipliant les détails réalistes, il a su parfaitement évoquer les conditions de vie et de travail en cette fin du XVIIIe siècle si fertile en bouleversements.
N° Inventaire :  AW 2235
Domaine :  Art  
Sous-domaine :  Peinture
Dénomination controlée :  Tableau
Titre :  Les faiseuses de guêtres
Auteur :  Defrance, Léonard [Peintre]
Matières :  Textile [Technique: Peinture à l'huile]


Dimensions :  H: 38 cm
l: 46 cm
Datation :  1793 
Provenance géographique :  Europe, Belgique, province de Liège, Liège
Références :  Catalogue de l'exposition de la Donation Brabant-Veckmans, Liège, Musée de l'Art wallon, 1983, p. 68, n° 17.